Mettre sur pied des projets de développement solide et durable est depuis lors le cheval de bataille des Etats africains. A l’observation, la plupart des projets réalisés dans certains pays d’Afrique connaissent une fin prématurée à cause des mentalités des bénéficiaires. La question de l’entretien des infrastructures publiques se pose !
Est-ce à l’Etat d’entretenir les infrastructures publiques ou les bénéficiaires de ces infrastructures ?
Pour apporter une réponse à cette interrogation, il faut l’aborder sous un double angle.
- L’entretien des infrastructures publiques est à la charge de l’Etat !
L’Etat, pourvoyeur par excellence garantit l’entretien et la sécurité des infrastructures publiques. Qu’elles soient construites par l’Etat lui-même ou par un donateur, l’Etat est le garant de l’entretien et de la sécurité des biens publics. Il a donc la charge de les entretenir et les sécuriser pour qu’elles soient durables dans le temps.
- L’entretien des infrastructures publiques est à la charge des bénéficiaires.
Dire que l’entretien des infrastructures publiques est à la charge des bénéficiaires revient simplement à dire que les bénéficiaires des projets de développement doivent participer à l’entretien et la sécurisation desdits biens.
L’une des raisons pour lesquelles les projets dits de développement durable connaissent des fins prématurées dans les pays africains, c’est parce que les bénéficiaires de ces projets ne sont pas sensibilisés ou éduqués sur leur rôle dans l’entretien et la sécurisation desdits projets.
Il faut prendre en compte les mentalités des bénéficiaires des projets de développement pour garantir la pérennité desdits projets.
Au Cameroun, la SOCIPRODD a mené des enquêtes à la suite de la mise sur pied des projets dans certaines localités du pays. Il s’agissait des projets de constructions des routes bitumées et de construction des points en addiction d’eau potable.
Cas N°1 : Le troisième mois après l’inauguration des bornes fontaines, nos équipes se sont rendus sur le terrain et le constat était alarmant.
04 des sept bornes fontaines étaient non fonctionnelles ! Que s’était-il passé ? est parce que les ouvrages avaient été mal construites par les prestataires ? La réponse était par la négative, car les ouvrages avaient été réceptionnés comme conforme au cahier de charge. Le problème était la mauvaise utilisation par les bénéficiaires ! Il nous a été révélé que ce sont les enfants du quartier qui avaient détruit les robinets en jouant constamment dessus.
Cas N°2 : L’Etat a construit une route bitumée et 08 mois plutôt, la route avait des nids de poule. La raison n’était pas la mauvaise construction de la route par le prestataire mais la mauvaise utilisation des routes par les bénéficiaires. Les enfants en célébrant les fêtes de fin d’année, avaient allumé des grands feux sur la route à l’aide des pneus usés de véhicules et cela avaient endommagé le bitume et crée les nids de poule à différents endroits où ces feux étaient allumés.
Dans l’un ou l’autre cas, on comprend que l’essentiel n’était pas seulement la réalisation de ces projets mais il fallait aussi éduquer les bénéficiaires desdits projets sur leur entretien et leur sécurisation afin d’assurer leur pérennité.
Beaucoup de projets en Afrique connaissent des fins prématurées à cause du manque d’entretien et de sécurité non pas seulement de l’Etat mais aussi des bénéficiaires desdits projets.
S’il faut assurer la pérennité d’un projet de développement, il faut aussi et voir même surtout sensibiliser ou éduquer les bénéficiaires du projet.
Il ne suffit pas d’une simple sensibilisation faites par les administrateurs ou les donateurs lors de la réception des projets et leurs mises à disposition des bénéficiaires, mais surtout d’une sensibilisation structurée, à court, moyen et long terme avec des méthodologies appropriées.
Si donc les bénéficiaires des projets des deux cas suscités étaient sensibilisés sur les dispositions légales qui sanctionnent les atteintes faites aux biens publics directement ou par personnes interposées, ils auraient pris des dispositions de nature à empêcher que leurs enfants n’endommagent les ouvrages publics.
L’intérêt de cette sensibilisation c’est de permettre aux bénéficiaires de savoir que leurs responsabilités peuvent être engagées non pas seulement de leur propre chef mais du fait des personnes dont ils ont la garde (confère article 1384 du code civil camerounais qui dispose qu’on est responsable non seulement du dommage que l’on cause par son propre fait, mais encore de celui qui est causé par le fait des personnes dont on doit répondre, ou des choses que l’on a sous sa garde.). Si les sensibilisations avaient été faites lors de la mise à disposition de ces projets aux populations bénéficiaires, les parents sauraient que leurs responsabilités seraient engagées et qu’ils seront appelés à réparer les ouvrages détruits par la faute de leurs enfants. Ils devraient donc prendre toutes les dispositions nécessaires pour ne pas être impliqué dans la destruction desdits ouvrages et par conséquent, les projets réalisés seront durables sur le temps et dans l’intérêt de tous.
- Dans l’intérêt l’Etat dans la mesure où il ne reviendra pas à court terme faire des réparations sur l’ouvrage déjà réalisé et par conséquent fera des économies dans son budget. La ressource économisée devant servir à la réparation de l’ouvrage endommagé pourra servir à la mise sur pied d’un autre projet capital pour la société.
- Dans l’intérêt des bénéficiaires dans la mesure, où ils jouiront des projets sur le long terme et dans l’intérêt de tous les habitants de la localité ou les passants.
C’est donc dire que l’Etat et d’autres partenaires au développement devraient intégrer l’éducation juridique dans l’élaboration de leurs projets de tel sorte que la mise à disposition des projets à l’endroit des bénéficiaires s’accompagne de forte sensibilisation et de l’éducation juridique.
La SOCIPRODD a lancé depuis l’année 2020 au Cameroun, cette initiative visant à accompagner les acteurs de développement sur le terrain avec plan de sensibilisation et d’éducation juridique des bénéficiaires des projets de développement. Elle a organisé à l’Ouest Cameroun et principalement dans l’arrondissement de Galim et aussi dans la ville de Douala, une vaste campagne de sensibilisation et d’éducation des populations sur le respect des biens publics, leurs entretiens et leurs sécurisations par les communautés bénéficiaires. Dans sa démarche, elle a sensibilisé les populations dont les propriétés sont en bordures des routes sur l’entretien des rigoles et caniveaux afin d’éviter qu’ils ne se bouchent et que les eaux ne s’écoulent sur la route et ne la détériore. Elle a également sensibilisé ces populations sur l’entretien des édifices publics tels que les lignes électriques, les monuments etc.
Au cours de ces campagnes de sensibilisations, la SOCIPRODD met à la disposition des populations bénéficiaires, les lois qui protègent les biens publics et qui sanctionnent les atteintes aux biens publics.
La SOCIPRODD entend pérenniser cette initiative car elle garantit la durabilité des projets réalisés dans le temps et réduit les dépenses d’entretien et de sécurisation des biens publics.
Ainsi, les acteurs de développement devraient prendre en compte l’éducation juridique des bénéficiaires des projets dans l’élaboration de leurs projets.
Contactez la SOCIPRODD et travaillons ensemble pour pérenniser les projets de développement en Afrique.